Depuis trois mois, Thibaut Ouin, un étudiant de 21 ans originaire de Beauvais, tourne en rond dans

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Maître Naldi VARELA FERNANDES

son petit studio étudiant que lui louent ses parents dans le centre-ville d’Amiens. L’élève, brillant, aurait dû intégrer en septembre dernier l’Institut de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) qui dépend de la faculté de médecine d’Amiens, elle-même rattachée à l’université de Picardie Jules-Verne (UPJV). Les notes qu’il a obtenues au concours d’entrée sont excellentes : 19 en sociologie, 17,5 en anatomie, 18 en psychologie des groupes, 14,5 en physiologie. Admissible au concours le 15 juillet dernier, il fête la bonne nouvelle entre amis et prend des vacances bien méritées dans le sud, en famille, après une année faite d’angoisses et de rebondissements.
Rupture d’égalité lors de l’épreuve

Car l’examen qu’il vient de passer fait suite à une décision de justice : lui et une autre camarade de la filière STAPS qu’il a intégrée en 2015 pour préparer le concours de l’école ont en effet saisi le tribunal administratif pour demander l’annulation de la première épreuve organisée en décembre 2015 et entachée selon eux d’irrégularités. La justice leur donne raison et reconnaît la rupture d’égalité : des consignes différentes avaient été données par un professeur dans l’un des trois amphis mobilisés. Elle a enjoint l’université d’organiser une nouvelle épreuve de physiologie pour les deux étudiants en question dont Thibaut qui n’a jamais digéré son 9,5 sur 20.

Mais un nouveau coup de théâtre survenu cet été est venu plomber le moral de la famille, à quelques jours de la rentrée. « En août, un étudiant qui avait aussi passé la première épreuve a saisi le tribunal en référé pour demander son annulation car elle n’avait été organisée que pour deux élèves seulement », raconte Thibaut. C’est la douche froide : le tribunal lui donne raison et annule la précédente décision de justice. Thibaut, comme sa camarade, ne peut plus intégrer l’école de kiné qui, du coup, pioche dans sa liste d’attente.

« En tant que citoyen, je peux comprendre le fait qu’il trouve que ce n’est pas très démocratique cette manière de faire, mais nous avons tout tenté auprès de l’université pour essayer de régler cette situation à l’amiable, en vain. Nous avions même demandé que tous les élèves puissent repasser l’épreuve », témoigne Olivier Ouin, déterminé à sortir son fils de sa détresse. « Vous avez deux gamins, là, qui ne demandent qu’à bosser et à construire leur avenir mais qui, à cause d’un dysfonctionnement qui n’est pas de leur fait, se retrouvent au bord de la route, désœuvrés. » Même désarroi chez l’autre étudiante concernée qui est entrée en dépression. Les deux familles ont aussi dû avoir recours à des prêts pour assurer leur défense.

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Monsieur OUIN et son papa

Monsieur OUIN et son papa – Photo COURRIER PICARD

Article de TÉRÉZINHA DIAS – Le courrier Picard 4 décembre 2016