Justice – Mimoune est violent. À Amiens, en 2004, il avait mis un couteau sous la gorge de son fils âgé de 3 ans. En 2009 et 2013, il a également été condamné pour des violences sur son enfant. Sa femme, 38 ans, n’était pas épargnée : onze mains courantes déposées au commissariat. Il avait déjà fait l’objet d’un rappel à la loi.
Le 5 avril 2014, tout va bien pourtant. L’épouse est venue à Amiens, d’où elle est originaire, avec un de ses enfants, pour rendre visite à la famille. Elle rejoint ensuite son domicile à Bagneux (Hauts-de-Seine). Le couple est en instance de divorce depuis quelques mois. Mais la soirée se passe sans anicroche. Les enfants partent coucher. Le couple a eu une relation sexuelle puis la trentenaire s’endort. Elle est réveillée brusquement en pleine nuit. Son mari vient de la saisir par les cheveux, il lui tranche la gorge avec un couteau. « Je t’ai dit qu’un jour je me vengerai », lui lance-t-il.
« C’est une femme digne qui a parlé sans haine devant la cour. Elle s’est accrochée à la vie »
Me Giuseppina Marras
La jeune femme parvient à se défendre. Lui insiste. Elle se saisit de la lame du couteau, se coupe trois doigts. Elle hurle et réveille les enfants. L’aîné, 13 ans, appelle les secours. L’épouse, elle, se réfugie dans les toilettes. L’agresseur essaie d’ouvrir la porte. Finalement, il prendra la fuite et sera interpellé un peu plus tard, dans une cave du logement. Lors de son procès qui s’est tenu en début de semaine devant la cour d’assises de Nanterre, il a avoué avoir voulu « la finir ».
En garde à vue, le quadragénaire, qui avait consommé de l’alcool et du cannabis, a expliqué avoir voulu l’égorger « comme un mouton », pour se venger de ses infidélités. Plus tard, devant le juge d’instruction, il dira qu’il ignore ce qui l’a poussé à passer à l’acte. Il s’est décrit comme « ni criminel, ni voleur, juste quelqu’un de bien ». Lors du procès, il s’est défendu en expliquant s’être saisi d’un couteau « pour discuter »…
L’avocat général a requis 10 à 12 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. Les jurés sont allés bien au-delà en condamnant l’époux à 20 ans de prison. Il a également l’interdiction de se rendre dans le département de la Somme sous peine de cinq ans de prison.
L’épouse, de son côté, « est terrorisée depuis les faits », selon son avocate Me Giuseppina Marras : « C’est une femme digne, et qui a parlé sans haine devant la cour d’assises. Elle s’est accrochée à la vie, c’est ce qui l’a sauvée. » La jeune femme doit désormais élever seule ses quatre garçons, dont le dernier âgé de 15 mois. Elle ignorait qu’elle était enceinte lors de la tentative de meurtre. Les prétendus adultères avancés par le mari se sont avérés infondés.
Article du Courrier Picard – 13/10/2016
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