« Tout ça, c’est la faute à Toto ! » La phrase de l’avocat de Jean-Louis Mutte, le directeur de Sup de Co, ne fait plus sourire personne, y compris, on l’imagine, son auteur, l’avocat lillois Stefan Squillaci. Patrice Toto s’est écroulé, victime d’un AVC alors qu’il arbitrait un match de foot à Saint-Vast-en-Chaussée, dimanche. Il avait 49 ans et venait d’enterrer sa mère, il y a quelques semaines. Ses proches avancent qu’il a pu être marqué par la cérémonie au Cameroun ainsi que par la procédure prudhommale qui durait encore contre son ancien employeur, neuf ans après le début d’une affaire qui a défrayé la chronique amiénoise.
C’est lui, avec son collègue Thierry Léger, qui a porté le fer dans la plaie en demandant en 2007, au nom de la CGT, dont ils étaient élus, la création d’un comité d’hygième et de sécurité. Patrice Toto – le procès l’a démontré – devient alors persona non grata alors qu’il figurait parmi les cadres de l’entreprise. On le cantonne dans un bureau presque vide où il est affecté à… presque rien tandis qu’il voit sa collègue Mireille crouler sous la charge de travail.
Un suicide avait déclenché la procédure

En juillet 2009, c’est le drame : Mireille se tue en se jetant par la fenêtre de son bureau. Une enquête de police est diligentée, qui se greffe à celle de la médecine du travail. Des notables sont placés en garde à vue. L’affaire Sup de Co est lancée. Elle se conclura par deux procès pour harcèlement, l’un en janvier 2012, le second en appel en mai 2013. Finalement, seules deux parties civiles (dont M. Toto) sont reconnues (sur les dix qui s’étaient constituées) et trois dirigeants sont condamnés : Mutte, le directeur, Georges Pouzot, directeur de l’ISAM et Bernard Desérable, en tant que président de la personne morale, comme président de la CCI.
« Tout le cabinet, les avocats comme les secrétaires, sont touchés par ce drame, témoigne ce mardi 29 novembre Giuseppina Marras, avocate au cabinet Delarue, qui a assisté depuis sept ans Patrice Toto dans toutes les procédures. M. Toto était quelqu’un de foncièrement gentil, toujours calme, toujours souriant, jamais agressif. Il en a pourtant subi, des choses ! Mais je crois qu’il gardait tout à l’intérieur… »
« Ma plus grande déception, c’est qu’il ne connaîtra jamais le verdict des prudhommes », poursuit l’avocate. Fabrice Toto n’avait été licencié qu’un mai dernier, après la liquidation de Sup de Co, devenue France Business School. Après un an de délibéré, le tribunal paritaire avait demandé que l’affaire fût rejugée. Le plaignant et Me Marras avaient rendez-vous ce jeudi pour préparer leur dossier.
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